La vie entre Parenthèse

Publié le par Jora


Pendant plus de 100 jours j'ai vécu entre parenthèse, égoïstement  sûrement, où chaque jour vous apporte quelque chose de nouveau. Pas le temps de s'ennuyer, je marche, pense, découvre, aime, prie, rit, pleure, chante, cuisine, mange, lave, dort, me réveille, mange, range et porte mon sac à dos, marche, pense... vis le chemin. Je vis une vie parallèle jusqu'à en oublier la réalité que j'ai quitté et que je redécouvre aujourd'hui peut-être sous un jour nouveau. Oui ces 116 jours sont une parenthèse dans la vie de tous les jours mais oh combien enrichissants dont je ne mesure pas encore tous les effets. Les portes de la parenthèse se sont ouvertes très grandes et refermées si rapidement que j'ai du mal à poser le pied dans cette réalité. Pas grave. Le rêve était si beau et le restera et cela ne me dérange pas le moins du monde d'y faire des incursions de temps à autre en fermant les yeux. J'y vois une Véronique pas si mécanique que ça et qui a de la chance à la loterie de la vie, un Stephan au coeur tendre, un Yan plein de vie et qui ne demande qu'à la vivre, une Maryline que j'ai blessée et qui est allée au bout du chemin, des papillons qui nous indiquent le chemin, un padre Frédéric avec qui j'ai souvent marché et beaucoup parlé et qui m'a rassuré, une Mercedes et un Antonio dont la montre c'est heureusement cassée et qui continuerons l'année prochaine, une Bodil et un Christian avec qui j'ai aimé discuter, un Sylvio qui en savait des choses sur les énergies...des Jacques, Majo, Bernadette, Claudie, Jean-Louis, Françoise, Maurice, Joelle, un Nico avec lequel les retrouvailles à Santiago étaient émouvantes, une Aurelia mystérieuse qui aime les bons mets, Sylvie, Amélie, Boby et sa poule de luxe, Nicole, Serge, Josiane, Jean-Pierre, Ester, Jean, Stephanie, Ziv et sa musique, et tant d'autres...Des cathédrales grandioses, des retables couverts de l'or des incas, Des Saint Jacques  de toutes les tailles et de toutes les couleurs, des églises très sobres et des chapelles dans lesquelles j'aimais me recueuillir ou méditer, des anges que l'on rencontre d'autres qui vous accompagnent, des ponts petits et grands, des rivières, des montagnes, des vallées, des maisons toutes différentes en pierre en galet en brique en torchis, le soleil, la pluie, le brouillard, le vent, des éoliennes par centaines, des chemins qui n'en finissent pas, des lessives quotidiennes, des repas en commun ou seul, des bocadillos, des tortillas, des cañas accompagnés de tapas, des cafés con leche ou solo, des rires, des pleurs, des bonheurs, des signes que l'on voit ou croit voir ou plutôt qu'on prend le temps de voir et qui vous sont personnels, de longues discussions, des sacs qu'on range et qu'on vide, des lits superposés ou côte côte, des bouchons pour les oreilles, des sachets plastique qu'on froisse et qui vous réveillent, des gens sympas qui vous offrent à boire à manger et parfois vous hébergent, des musiciens, des ampoules aux pieds, des tendinites qui vous laissent sur le carreau, des embrassades, des adieux, des messes, des chants grégoriens, des musées, des moutons, des chèvres, vaches, des horéos, le froid, le chaud, des nuits à côté de cimetières, au camping, en gîtes propres et moins propres, des refroidissements, des indigestions, de grosses fatigues, des plaines immenses, des forêts d'eucalyptus entièrement dévastées par le feu, et des histoires d'hommes et de femmes, des retrouvailles sur la place de la cathédrale à Santiago et enfin le bout de la terre, la fumée des habits qui brûlent et qui vous piquent la gorge... Le quotidien du camino, la vie vécue au quotidien.  Je suis entré dans ce rêve qui ne c'est pas déroulé comme je me l'imaginais. Tout ce que j'y ai vécu me semble encore si irréel mais je sais que je l'ai vécu. Les rencontres ont été si belles, j'y ai gagné des amitiés et perdu d'autres avec beaucoup de peine et de regrets. C'est la vie, peut-être entre parenthèse, mais oh combien réelle tout de même.

J'étais au bout de la terre et il faisait très très beau.
Coucher de soleil sur le Cap Finisterre
Vue depuis l'albergue San Roque de Corcubiòn (a recommander)

Merci à vous pèlerins et rencontres au hasard de mon chemin vers le champ des étoiles, à vous qui m'avez accompagné par la pensée, vous qui m'avez aidé à me préparer. Merci à vous qui m'avez donné de l'eau ou de quoi manger quand je n'avais pas suffisamment de provisions. Merci à vous qui m'avez invité pour un repas, donné la possibilité de m'abriter d'une averse ou m'avez hébergé pour la nuit. Merci à mes proches et amis et pardon de vous avoir "oubliés" pendant ma route.
J'espère n'avoir oublié personne !
Voilà la vie normale reprend son cours mais le sera-t-elle encore, "normale" ?




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L
Salut,<br />  <br />  <br /> <br /> Hé ! bien, que d’aventure tu a du vivre pendant tout ce temps. Ca fait tout drôle , les images sont assez prenante et le parcours a l’air magnifique  . Je pense que malgré l’effort accomplis ça reste une « parenthèse » dans une vie , mais quel parenthèse . En tout cas content pour toi que ça se soi bien passé.<br /> <br /> Laurent au N° 25 (plus haut)
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Ah lala, ja suis toute émue par ce joli texte !Merci à toi également, je sais qu'en faisant le chemin par petits bouts, cela n'est, sans aucun doute, pas aussi merveileux, mais l'essentiel est de participer.Quels sont tes projets maintenant ?Merci aussi pour ton commentaire chez moi ce matin.D@net.
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